Le parc national de Nam Cat Tien reste encore un site assez méconnu des touristes. Pourtant cet endroit ne manque pas de charme et de mystère pour séduire les âmes les plus aventureuses.
Voici le récit de notre stagiaire de son périple du weekend au milieu des jungles somptueuses Nam Cat Tien.
Sommaire
Nam Cat Tien, l’appel de la forêt sauvage
Le parc national de Nam Cat Tien, Dong Nai est un coin perdu entre le fleuve et les forêts, les grands arbres de 400 ans et les marécages, les animaux sauvages et les paysans du sud, les longues journées ensoleillées et les pluies torrides à la fin de l’après-midi. Je me suis promise un séjour, toute seule au calme, reculé du monde entier pour les retrouvailles avec moi-même. Et cela se fait.
De Sai Gon au parc national Nam Cat Tien, Dong Nai
Samedi matin, à 5h, je me vois mettre un moindre des habits dans mon sac-à-dos, une bonne paire de chaussure à randonnée, et en particulier un petit pot de D.E.P – une sorte de crème médicale que l’on applique autour du col de chaussures pour éviter les sangsues.
Le chauffeur de Grab Bike m’a fait un joli tour de Sai Gon en traversant le fleuve de la ville, qui transporte des petites barques ensommeillées dans la brume matinale, le parc Gia Dinh étend son grand ombre tout au long du boulevard. Une Sai Gon légère, nonchalante et aérée s’ouvre à moi. Et j’aime ça.
A la gare routière de l’Est (Ben Xe Mien Dong), j’ai acheté un billet de bus de la compagnie Kim Hoan (93000 vietnam dong = 3 euro) pour aller au parc national Nam Cat Tien. C’est le meilleur choix au niveau du trajet direct ainsi que du rapport prix/qualité, malgré le fait que le bus roule très lentement et s’arrête à toutes les 15 minutes pour prendre les passagers. Mais bo
Après 5h de route dans un bus très secouant, on m’a lâchée devant le parc dont le billet d’entrée coûte 60.000 dong (=2,5 euros). Tiens, ma grande, tu vas tracer ton chemin ici !
Parc national de Cat Tien, un précieux patrimoine de faune et flore tropicale du Viet Nam
Situé à 180 km au nord de Hô Chi Minh-Ville et 120 km au sud de Dalat, le parc national de Cat Tien s’étend sur 74 000 hectares parcourant les provinces de Dong Nai, Lam Dong et Binh Phuoc. Cette zone sauvage est divisée en deux aires, Cat Loc au Nord et Nam Cat Tien au sud, là où je me rends visite.
Ce parc a été classé en tant que réserve de biosphère par l’Unesco en 2001. Il fut également reconnu en 2005 par la Convention Ramsar en ce qui concerne les zones humides d’importance internationales.
Le parc était très connu pour sa petite population de Rhinocéros de Java, qui a été malheureusement déclarée éteinte en 2011. Cependant, cette grande réserve de biodiversité fut la maison de nombreux autres animaux classifiés dans le Livre Rouge, tels que le Gibbon noir, la panthère nébuleuse…
Parmi plusieurs incontournables à réaliser au sein de cet endroit luxuriant forestier comme les randonnées, les balades à vélo, les visites du centre de sauvetage d’ours, d’oiseaux, de gibbons…figurent l’excursion au marécage de crocodiles et le safari nocturne en Jeep, considérés comme deux activités les plus intéressantes à y mener.
Effectivement, ça me tente bien d’aller faire un tour au marécage de crocodiles et d’y rester pendant une nuit pour savourer le goût de solitude, pour me reconnecter à la nature, pour méditer et veiller sur moi-même.
Bau Sau – marécage crocodiles, l’œil de la forêt profonde
Ça fut samedi mais personne ne réserve le tour à Bau Sau, le fameux marécage de crocodiles situé à 15km de l’entrée du parc. Pour y accéder, les visiteurs choisissent, soit de marcher tout au long de la forêt somptueuse en empruntant le chemin très boueux pendant la saison de mousson, soit de payer 500.000 dong (=20 euro) pour une course de 9 km en voiture Jeep, genre d’une vieille bagnole qui rame et secoue énormément, puis marcher les 5 derniers kilomètres sur un tout petit sentier afin d’atteindre la destination.
« Je voudrais y passer la nuit, mais je suis toute seule, est ce que c’est bien en sécurité » ? – Ah, t’inquiète, les gardiens de la forêt, eux, très sympathiques, habitent là-bas. Tu peux louer une chambre à dormir mais sachant que le confort reste au minimum. Me dit -elle, la femme à l’accueil.
Me voilà me trouver sur une chaise en plein air, derrière la caisse démodée qui râle comme pas possible et qui chavire énormément lorsqu’elle s’enfonce, la tête baisse, dans le sentier de terre toute collante après la pluie. Une décapotable la plus tremblante que j’ai prise.
Après une bonne 45mn, le chauffeur me dépose devant un arrêt, à partir duquel je commence la promenade solitaire à pied dans la jungle humide tropicale. Les arbres, les très grands arbres de plusieurs centenaires replient leurs longs bras, attachent leurs racines à la terre molle et affirment la longévité. Il semble que toute l’histoire du monde est gravée et est racontée à l’intérieur de ces êtres ancestraux, de génération en génération, des feuilles, des branches, des peaux crêtées qui partent et qui naissent. Il y a quelque chose de stabilité, de sérénité vénérable qui règne autour d’eux face à qui une toute petite vie comme moi reconnait le caractère de fugacité à la fois d’opportunité.
De cette manière j’entre petit à petit dans l’épaisseur de la forêt aux pas curieux ainsi effrayés. Imaginons qu’un serpent se lance soudain vers moi, ou un ours me salue par son regard noir, ou bien un singe descend de l’arbre et se jette à mon côté…Pourtant, la marche fascinante s’avance, en plein de solitude, de gratitude et d’admiration. La nature est si bien faite, elle donne sa générosité à toutes les espèces, les naître, les nourrir, et les accueillir à la fin de leur durée. Rien n’est plus simple. Rien n’est plus naturel, véritable, paisible, ainsi que rude que ça.
J’arrive finalement au marécage vers 16h15, après 1h30 de marche en forêt. Les gardiens forestiers m’accueillent avec de larges sourires et m’invitent à boire du thé dans leur jardin. Ils sont en train de préparer le dîner, les casseroles sur le feu du bois, un mode de cuisine très vietnamien. Imaginez que vous atteignez cet endroit sauvage, les jambes lourdes et le cœur pesant, soudain, l’odeur du bois brulé éveille en vous une consolation, une joie juvénile, des souvenirs d’enfance de longues nuits d’hiver…Et surtout, le paysage d’un étang au bout des jungles fut comme une note envoûtante que le compositeur a perdue de son chef d’œuvre musical. Un paysage qui vous fait d’abord le cœur serré, et les yeux larmoyants puis vous adoucit par une immense tendresse et douceur. Une quiétude entière. Le chant des oiseaux, les herbes riveraines, le tonnerre lointain, le soleil argenté sur l’eau et le vent caressant…De cette manière, le crépuscule vient et s’en va à un rythme détendu.
La plus remarquable scène, c’est que pendant la nuit, après une forte pluie, de milliers de lucioles virevoltent partout. Elles font de la jungle un monde divin, et font également de notre soirée une rêverie inattendue. Les gardiens allument la lampe vers le lac pour observer les crocodiles. Les yeux de la femelle s’éclaircissent de couleur rouge tandis que le mâle blanc. On peut également observer les girafes qui mangent sagement au bord de l’eau.
Les constellations d’étoiles s’épanouissent au ciel pur, profond et paisible. Me voilà demeurer au milieu de la jungle, un étang flottant dans l’ensemble du parc luxuriant comme un œil qui veille discrètement sur la forêt ancienne où l’on peut entendre toute l’histoire du monde, de la vie, la mort, ainsi que de l’amour.
Green Bamboo Lodge Resort
Le lendemain, je pars de Bau Sau dans la matinée, après avoir fait de la pêche avec les gardiens aimables dans leur petite barque au moment où la brume se dissipe doucement sous les premiers rayons du soleil. Cela fut une expérience sympa d’observer la nature se réveiller et de se plonger dans la vie rurale pour pouvoir s’oublier soi-même, y compris nos souffrances, nos rancunes, nos tristesses pendant un moment même court et futile.
Sur le chemin de retour à l’entrée du parc, je croise des centaines de papillons blancs et jaunes qui se promènent joyeusement. Il faut savoir que Nam Cat Tien est reconnu pour les groupes de papillons différents apparus très nombreux à la fin de la mousson, c’est-à-dire au mois de décembre, particulièrement pendant le Noel.
En discutant avec une femme très souriante qui travaille dans le petit kiosque à côté du parc, je décide de prendre une chambre dans son auberge de jeunesse « Green Bamboo Lodge Resort ». Il faut avouer que ça fait des lustres que je ne mets plus le pas dans un hostel, depuis mon voyage en Espagne il y a 7 ans.
A ma surprise, l’établissement est bien agréable, propre avec plusieurs offres de jolie vue différentes, soit sur le fleuve de Dong Nai, soit sur le jardin très vert. Je choisis alors une tour calée au cœur du verger dont la fenêtre s’ouvre à un pont en bambou et la terrasse à l’étage porte sur le jardin entier.
Le crépuscule s’approche, je me jette dans un hamac à la terrasse entourée des végétaux, des bananiers et des herbes. A ce moment délicieux, lire « Propos sur le bonheur », le livre d’Alain – un professeur de philo du XXè siècle, me parait un pur plaisir incomparable.