Fleur nationale du Vietnam, le lotus est symbole de pureté, de beauté, de simplicité et de longévité. Le lotus a été beaucoup utilisé dans la vie quotidienne des Vietnamiens, non seulement dans la décoration mais également dans la cuisine et la médecine. Il existe cependant un produit fabriqué à partir du lotus qui peut surprendre beaucoup de gens. Il s’agit de la soie de lotus.
Dans un village artisanal traditionnel à la périphérie de Hanoi, la famille de la tisseuse Phan Thi Thuan fait le tissage de la soie depuis des générations. La soie est généralement produite par les vers à soie. Ils doivent se nourrir de feuilles de mûrier presque 24 heures sur 24. Les chenilles possèdent des glandes situées sous la bouche qui produisent une substance qui devient un fil de soie. Il peut falloir des centaines de vers à soie pour fabriquer un kilo de soie. Même si les insectes nécessitent des soins attentifs, ils font eux-mêmes la plus grosse partie du travail.
Mais la fabrication de la soie de lotus est totalement différente. Alors que ce tissu est fabriqué depuis des années au Cambodge et en Birmanie, Mme Thuan n’a commencé à l’expérimenter qu’en 2017. Elle est considérée comme une innovatrice au Vietnam.
Le tissu de lotus est obtenu grâce aux fibres cachées dans l’eau. La tige de lotus, effectivement, est composée d’extraordinaires microfibres. Plus les tiges sont longues, plus les fibres sont nombreux et durables. Après avoir été sélectionnés et ramassés dans les champs inondés, les tiges sont coupées et leurs fibres sont délicatement extraites à la main. Puis ces fibres sont roulées et séchées. Une fois secs, les fils sont soigneusement enroulés à la main et tissés dans un métier traditionnel. Toutes les tiges doivent être traitées dans les 24 heures. Sinon, elles seront sèches et complètement endommagées. La récolte doit donc se faire tous les jours. Et les plantes de lotus sont seulement prêtes à être récoltées entre le mois d’avril et le mois d’octobre. C’est pourquoi, la soie de lotus ne peut pas être fabriquée à grande échelle.
Seules les femmes réalisent ce travail complexe et minutieux. Une ouvrière qualifiée ne peut traiter qu’environ 200 à 250 tiges par jour. Un foulard de 36 centimètres sur 1,75 mètre nécessite de 9.200 tiges et prend deux mois à confectionner. Mais pour Mme Thuan, qui tisse depuis l’âge de six ans, le labeur en vaut la peine. Cela lui permet de créer du travail et de faire quelque chose pour l’environnement. Il en résulte un tissu de couleur naturellement écru aux qualités uniques : durable, pratiquement infroissable, respirant, légèrement élastique et très doux au toucher. Le produit final trouve son public auprès des touristes à la recherche de souvenirs rares. Ce tissu est également devenu un produit recherché par les marques de haute couture et se vend à Rome, Paris, New-York ou encore Tokyo.
L’artisane dispose d’une équipe de vingtaines d’ouvrières produisant de 10 à 20 foulards par mois. Si un foulard en soie ordinaire se vend une vingtaine de dollars, une écharpe en soie de lotus peut rapporter plus de dix fois plus.
Le projet de Mme Thuan est soutenu par le gouvernement vietnamien qui a lancé une expérimentation au niveau national pour tenter de développer davantage cette technique de fabrication. Elle transmet ses connaissances et savoir-faire aux jeunes générations pour maintenir et développer ce métier. L’artisane espère que la fabrication de la soie de lotus deviendra une industrie en pleine croissance dans l’avenir.